Lorsque le chaos se diffuse à l'extérieur et se fait l'écho d'une certaine fin, on peut entendre ce genre de phrase :
"Ah, à quoi bon, autant en profiter après tout."
Cette phrase peut être comprise dans un premier sens des plus louables, mais bien souvent elle cache une intention autodestructrice remplie d'excès afin d'anesthésier la peur de la fin, la peur de la mort.
Quoi de mieux pour les marionnettistes de nos ombres intérieures que de voir leurs sujets s'autodétruire, avant cette fameuse "Fin du Monde" qui nous pend au nez.
À travers cette phrase "Ah, à quoi bon, autant en profiter après tout", on voit à quel point la manipulation et l'oubli peuvent pousser l'homme à devenir lui-même l'instrument de la fin qu'il redoute.
On comprend que l'homme a été rendu amnésique au grand principe de vie que la nature nous rappelle à chaque instant.
Ce principe de Vie est le mouvement même de la vie, c'est celui de la Mort et de la Renaissance.
Dans chaque mort physique ou symbolique, rien ne meurt vraiment avec un point final car la mort est déjà porteuse du terreau fertile de la renaissance, du renouveau.
Seulement aujourd'hui l'homme s'est détourné du principe de vie et oppose la Vie à la Mort au lieu de voir que la Vie c'est le cycle même de renaissance et de mort.
Par son détournement, les marionnettistes en profitent pour jouer sur la peur de l'Homme et lui fait miroiter une Fin du Monde inexorable où la fin signifie la fin totale, le point final.
L'homme apeuré de voir mourir l'illusion dans laquelle il s'est enchaîné, préfère abréger et anesthésier ce sentiment de peur dans une spirale autodestructrice.
Pourtant, la nature nous en témoigne à chaque instant, notamment aujourd'hui avec l'entrée dans le printemps; la mort de quelque chose n'est jamais la fin mais bien une transformation vers un renouveau.
Il est important dans cette période où le pire nous est projeté, où nous observons un certain monde se désagréger, de maintenir notre énergie vitale vers la création, de nourrir de notre souffle d'amour les braises déjà présentes du feu sacré du nouveau monde.
Car la fin d'un monde est comme un hiver qui s'installe.
Certains se sont tellement identifiés à l'extérieur que lorsque les feuilles tombent pour mourir, ils pensent que l'arbre entier vient de mourir ainsi que la promesse de ses fruits.
À l'extérieur, on observe un paysage de mort, pourtant à l'intérieur, sous terre, pour ceux qui ont fait ce grand retournement vers leur Or-igine, ils sont restés dans la préservation de leur énergie vitale, de leur pulsion de vie, celle qui crée déjà en secret et en silence la prochaine floraison.
Heureusement que la nature en hiver, dans sa phase de mort, ne se dit pas "Ah, à quoi bon, autant en profiter après tout" et ne dilapide pas toute sa force vitale pour s'autodétruire. Heureusement, certes qu'elle se laisse mourir en surface, mais pour mieux concentrer toute son énergie de vie dans la gestation du renouveau.
Elle ne se perd pas dans l'illusion de ce qui meurt à l'extérieur mais est la gardienne de la vie qui cherche déjà à se manifester dans le prochain printemps.
Face à une certaine "Fin du monde", nous sommes appelés à ne pas dilapider, disperser notre force de vie dans "Ah, à quoi bon, autant en profiter après tout" implicitement suicidaire, mais bien se maintenir dans notre flamme sacrée et percevoir déjà les étincelles de renaissance que nous sommes, tels les instruments d'amour de la vie.
Belle germination et floraison pour ce printemps et le grand Printemps à venir.
Jade Rosenbaum
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