La spiritualité n'est pas une sécurité pour éviter la souffrance, la maladie, la pauvreté ou de quelconques catastrophes.
Il ne s'agit pas d'une protection qui nous garderait des imprévus de la vie ou plutôt de la vie elle-même.
Trop de personnes, aujourd'hui, se pensent spirituelles sous prétexte d'utiliser tout un tas d'outils nourrissant cette illusion sécurisante, ou plutôt contrôlante.
De nombreux maîtres sont venus incarner la vérité de l'être et en rappeler son essence spirituelle.
Cependant, aujourd'hui, en Occident, la spiritualité est de plus en plus promue, mais de façon inversée.
Autrefois, Siddhartha Gautama, le premier Bouddha, est venu en maître pour incarner la vérité afin de l'inspirer et de la transmettre.
Il a ainsi quitté son palais, son confort matériel et son titre princier pour entrer dans le monde et se défaire des illusions.
Il a montré le chemin en allant à la rencontre de la vie, de la pauvreté, de la maladie, de la mort.
Tout cela fait partie du chemin de l'initié, de façon parfois physique, mais surtout de façon symbolique.
Il s'agit d'initiation pour révéler la lumière et la sagesse en soi, par l'accueil même de la vie dans toute sa complexité.
Pourtant, aujourd'hui, c'est l'inverse que l'on vous vend : on vous vend des outils pour éviter la pauvreté, éviter la maladie, éviter la mort, et surtout des outils pour manifester le palais de vos rêves et tout les biens matériels qui, accumulés, pourraient enfin vous faire sentir riche.
On vous vend un chemin inversé qui vous enferme dans le palais des illusions, et cette sécurité vous garde de découvrir votre vrai palais et votre vraie richesse intérieure.
Dans sa dernière initiation avant l'illumination, Siddhartha fait face à Māra et ne cède pas aux tentations de ce "démon" qui est la personnification même des passions et des objets du désir. Pourtant, dans cette illusion de "spiritualité" 2.0, les marchands du temple utilisent vos passions pour vous enchaîner à vos désirs.
On le voit notamment dans la manière dont est promue la loi d'attraction et de manifestation ; celle-ci est de plus en plus utilisée pour satisfaire les désirs du petit moi.
Utiliser de telles lois universelles pour devenir roi dans le palais des illusions est le nouveau piège qui se referme actuellement sur l'humanité qui se dit "éveillée".
Car nombre de ces nouveaux adeptes vont dans le simulacre de la spiritualité pour y garantir leur confort.
Ils cherchent des états d'être intérieurs de façon intéressée pour mieux avoir et matérialiser leurs projections égotiques.
Mais si demain la vie les invite au vrai chemin par l'expérience d'une "catastrophe", alors que restera-t-il face à l'effondrement de leur palais, qui est devenu la prison de leurs illusions ? Il est fort probable que cette invitation d'amour de la vie sera perçue comme une punition et que le vide offert sera source, en eux, de la plus grande des souffrances.
C'est pour cela que les grands maîtres sont venus enseigner la fondation de votre palais intérieur et la reconnaissance des richesses spirituelles en votre être.
Tel est le chemin, et ensuite, de par les volontés divines, vous devenez l'instrument de Dieu pour créer, œuvrer, manifester dans la matière.
C'est seulement par le service au divin que vous devenez le serviteur couronné en roi.
Et si tout s'effondre, alors vous serez entier, riche et dans une abondance que nul ne pourra comprendre.
La nuit où elle est tombée enceinte, la mère de Siddhartha a eu pour message que son fils deviendrait roi, et c'est ainsi qu'il est devenu le souverain de son royaume intérieur, portant en son crâne la couronne ouverte de la sagesse divine.
La spiritualité appelle à être en paix et en foi totale face aux invitations de la vie, face à ces cadeaux d'expériences déguisés en imprévus.
Et dans cette foi, vous pouvez faire résonner en vous cette phrase :
"Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi* : ta houlette et ton bâton me rassurent." *Dieu (Psaume 23 )
Car la seule assurance spirituelle qui existe est la reconnaissance et la présence de Dieu en soi.
Jade Rosenbaum
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