Il fut un temps où l'on accompagnait l'Homme à l'accouchement de son esprit. Chez les Grecs, cela fut institutionnalisé par Socrate sous l'appellation de "maïeutique".
Par le biais de questionnements, l’esprit du questionné parvient à trouver en lui-même les vérités ontologiques.
La maïeutique est donc l’art d’accoucher les esprits, de leur faire enfanter la vérité. Socrate, en philosophe, affirme que chacun porte en lui le savoir, sans en avoir conscience.
Cela permet d'orchestrer le passage de l'UN-conscient au conscient. Le questionnement vise à se faire ressouvenir, c’est ce que l'on nomme la réminiscence.
Les élèves étaient plutôt vus comme des amnésiques à qui l'on rappelait la mémoire, plutôt que comme des imbéciles que l'on devait remplir d'un savoir établi.
Dans notre système actuel, il n'est même plus question d'esprit, de conscience, mais de l'intelligence placée sur un piédestal.
L'intelligence est définie comme "l'ensemble des processus trouvés dans des systèmes, plus ou moins complexes, vivants ou non, qui permettent d'apprendre, de comprendre ou de s'adapter à des situations nouvelles." Il existe de multiples formes d'intelligence selon les règnes.
Cependant, au fil des siècles, concernant les humains, il s'est installé dans l'inconscient collectif une certaine construction et définition de celle-ci.
On observe ainsi actuellement une suprématie du mental intellectuel au détriment des autres types d'intelligence.
Pourtant, l'homme s'est bien rendu compte que l'intelligence sans conscience, ni cœur peut être l'instrument de sa propre destruction.
Aujourd'hui, l'intelligence telle qu'elle est employée, est au service de la bêtise, nourrissant ainsi de plus en plus le monstre de l'idiocratie.
Il se trouve que la connaissance, une fois intégrée par une personne, lui apporte des ressources et renforce son statut de personnes intelligente.
Mais cette personne, au lieu de se sentir remplie d'un trésor à partager, à transmettre, à révéler chez ses semblables, va choisir un comportement de "moi Je" et utiliser la connaissance et son intelligence comme un outil élitiste de division et de hiérarchisation.
Elle va inconsciemment renforcer la bêtise de son entourage en jugeant et humiliant les personnes qui n'ont pas encore accès à la même connaissance.
Lorsqu'une personne en face ne sait pas ou est encore dans l'ignorance, au lieu de partager son savoir et de le révéler en l'autre comme autrefois avec la "maïeutique",
la personne intelligente va profiter de cette supériorité intellectuelle pour faire sentir à l'autre qu'il est bête et ainsi l'enfermer dans sa bêtise.
C’est ce genre de comportement qui règne actuellement dans notre société.
On se plaint de la bêtise, mais on la nourrit nous-mêmes en enfermant les gens dedans.
Ainsi, l'intelligence se met au service de la bêtise en s'enfermant dans sa tour d'ivoire.
Au lieu de se donner, elle se garde elle-même et ainsi s'atrophie peu à peu dans son palais d'élite.
De plus, l'intelligence reste un outil de mise en corrélation et d'adaptation,
et cet outil sert davantage la bête en l'homme actuellement plutôt que sa conscience.
L'intelligence est au service de la bête dans notre société, et devient ainsi instrument du cercle vicieux de la peur et de la survie, ce qui le soustrait du cercle vertueux de la vie.
L'homme devient ainsi esclave de ses limitations cognitives, avec une vision partielle de sa vérité.
La bête de l'apocalypse tant annoncée se cache peut-être derrière cette tendance ,de notre société, à pousser et enfermer l'homme dans son animalité, le réduisant ainsi à quatre pattes dans son horizontalité.
L'intelligence est appelée à revenir au service de la conscience, du cœur, et à être reconnue comme émanant de l'intelligence divine.
Ainsi, l'homme pourra se libérer de la bêtise et élever la bête en lui depuis la source en son être.
Nous sommes tous invités à reconnaître en chacun de nos frères et sœurs la source divine et l'intelligence universelle qui les anime, et à révéler en eux cette quintessence.
S'il nous est donné des savoirs et des connaissances, ce n'est pas pour nous couronner au-dessus des autres, mais bien pour refléter à chacun ce qu'il porte déjà en lui.
Dans chacun de vos échanges, vous avez le choix de couronner vos frères et sœurs en révélant leur souveraineté et leur capacité à se rappeler, ou bien de les enfermer dans leur ignorance pour nourrir le besoin de supériorité de votre petit moi.
À présent, il vous est donné un choix d'amour, un choix de don, le choix d'incarner cette source qui coule en chacun.
Jade Rosenbaum
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